Nov

Naufrage a Nouadhibou – Mauritanie, octobre 2021

Une embarcation avec 51 migrants à son bord a fait naufrage au large des côtes de Nouadhibou le dimanche 02 Octobre 2021, dont 16 morts et 33 rescapés de nationalité sénégalaise, malienne, guinéenne, ivoirienne, gambienne et ghanéenne. La Pirogue avait quitté Mbour du Sénégal depuis le 27 Septembre 2021, après 5 jours de navigation, elle a subi une panne et a dérivé pendant plusieurs jours en mer sans carburant et sans réserve alimentaire. La pirogue a été localisée et interceptée par les gardes côtes au large de Nouadhibou. Les migrants à bord auraient semé la panique et sauté de la pirogue en voyant les gardes côtes, pour continuer à la nage. 33 migrants ont pu être secourus, cependant, 16 d’entre eux ont fini par se noyés. Les corps ont été découverts le 03 Octobre 2021 à la plage de Nouadhibou. C’est un véritable drame qui se joue depuis 2 ans au large des côtes de la ville de Nouadhibou, 2ème ville de la Mauritanie. Il entraine des pertes humaines importantes, avec des traitements inhumains et dégradants: pratiques de traite, marchandisation, trafics en tous genres, et même réduction à l’esclavage, comme s’il ne s’agissait pas d’être humains. A cet effet, la Caritas Paroissiale de Nouadhibou a accuilli à bras ouvert les rescapés du naufrage, avec une assistance alimentaire et sanitaire d’urgence, selon nos moyens.

Cette affaire tragique en rappelle une autre, lorsque plus 47 personnes s’étaient noyées au large des côtes de Nouadhibou le 17 Août 2021. Sur cette route qui longe l’Atlantique, de nombreux naufrages de pirogues et de nombreux migrants chassés par la misère, ou obligés de partir de leur pays à cause des conflits ou des guerres civiles, pour atteintre cette archipel des Canaries en espérant avoir une meilleure vie. Le territoire espagnol situé à quelques centaines de kilomettres du Maroc est l’une des principales porte d’entrée dans l’union européenne. L’Espagne avait pris de nombreuses mesures pour réduire ce flux de migrants vers les îles Canaries, mais depuis environ 2 ans, cette route mortelle connaît un regain. Depuis Janvier 2021, les corps de 560 migrants ont été retrouvés dans le désert de Sahara et au large des côtes de Nouadhibou. Le nombre réel de morts pourrait être plus élévé.

La Caritas se donne comme objectif d’être à côté des migrants et personnes vulnérables, en favorisant un accueil chaleureux et inconditionnel, c’est-à-dire, accueillir toutes personnes quelque soit son origine ou sa religion et favoriser le vivre ensemble en Mauritanie. Ceci dit, nous lançons donc un vibrant appel:

A tous avec respect et considération, de s’engager résolument auprès des migrants et réfugiés, pour les éduquer, les conscientiser et les sensibiliser sur le droit des personnes en mobilité et les dangers de l’immigration irrégulière ( dans le désert ou en mer).
A sensibiliser et conscientiser les familles dans les pays de départ, de préserver la vie de leurs enfants.
A mettre en place les points d’accueil, d’écoute, d’accompagnement et d’assistance d’urgence des migrants et réfugiés.
A continuer de lutter contre le chômage des jeunes, en mettant en place des formations professionnelles en langue, en agricultures, en comptabilité informatique, en cuisine-pâtisserie, en maçonnerie-plomberie-électricité-mécanique.
A mettre en place des activités génératrices de revenu, des micro-crédit, afin de favoriser l’intégration des migrants et de remettre debout les migrants en situation de vulnérabilité sur les routes migratoires.
A Mettre en place un groupe de parole des femmes à Nouadhibou en Mauritanie, où les femmes pourront se rencontrer regulièrement , s’exprimer librement entre elles, et dénoncer les abus sexuels faits aux femmes. Valoriser aussi les talents et les initiatives des femmes.
A renforcer la solidarité inter-migrants et prendre en charges les malades et les blessés après naufrage.

Depuis début septembre 2021, nous n’arretons de secourir des naufragés et les accueillir au bureau de la Caritas Paroissiale. Des hommes, des femmes avec enfants originaires d’Afrique subsaharienne, quittant leur pays d’origine pour des raisons économiques et politiques, à la recherche d’une sécurité en Mauritanie.
Notre mission comme Caritas Nouadhibou, c’est de secourir et d’aider les migrants après naufrage, en leur apportant une assistance sanitaire et alimentaire d’urgence selon nos moyens, de les sensibiliser d’éviter les avantures dangereuses en mer ou dans le désert. Notre rôle n’est pas d’empêcher l’immigration mais de tenir un langage vrai avec les migrants pour leur rappler que toutes personnes a le droit d’immigrer dans un autre pays, et cela doit se faire dans les conditions les plus légales, c’est-à-dire avoir un passeport et un visa pour voyager légalement et librement d’un pays à un autre sans difficultés et tracasseries.

Notre tâche est plutôt être l’outil qui va permettre aux migrants de se relever, de retrouver une dignité, lui permettant de se prendre en charge et de prendre courage pour se reconnecter avec lui-même et avoir une bonne vision pour son futur.

Nous lançons encore un vibrant appel à toutes personnes de bonne volonté, afin de porter plus d’attention aux populations migrantes frappée par la misère, et obligée de partir en quête d’une vie meilleure. Donnons-leur des signes d’espérance.

‘‘Aujourd’hui, l’Église est appelée à sortir dans les rues des périphéries existentielles pour soigner les blessés et chercher les perdus, sans préjugés ni peur, sans prosélytisme, mais prête à élargir sa tente pour accueillir tout le monde. Parmi les habitants des périphéries, nous trouverons de nombreux migrants et réfugiés, des personnes déplacées et des victimes de la traite, auxquels le Seigneur veut que son amour soit manifesté et son salut proclamé.’’ Pape François.